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11h devant la pharmacie.
12/02/2007 01:28
35 centimes dans le gobelet Mcdo. De quoi aller loin...
Il est enfin 11h mais cet enfoiré de soleil ne chauffe pas. Il est enfin 11h. Je suis comme un con, recroquevillé dans un coin poisseux, et je me demande, comme un con, quand finira la seconde qui n'a pas encore commencé. Je suis en face de la pharmacie, en hiver c'est moins con. Le problème c'est l'horloge au dessus de la porte. L'horloge et ses 3 aiguilles. Depuis trop longtemps j'ai les yeux qui suivent mécaniquement la plus petite. J'en ai mal à la tête. Du coup je regarde la porte qui sonne à chaque fois qu'un nouveau malade entre. Ils doivent pas tous être malades. Y en a qui trichent.
Dling, 38 centimes. La généreuse silhouette marche vite sans me regarder. Elle ne veut pas de merci. Tant mieux elle mérite pas. De toute façon je parle plus, je marmonne, gromelle, grogne. J'ai trop froid et soif pour articuler. Et qui voudrait de mes mots? 38 centimes: dans quelques heures je pourrai aller tirer de la machine un café trop petit et trop peu chaud. C'est toujours mieux que d'aller au centre. Centre à la con. Ils me foutent les nerfs tous, avec leurs couvertures. Le pire c'est les filles qui me demandent comment j'en suis arrivé là. Elles ne voient pas que je suis arrivé nulle part, arrivé à rien? Ou elles le voient mais elles pensent que je me suis arrété là. Que c'est possible de s'arréter là. Je suis pas arrivé là, je suis là. Je ne sais pas pourquoi, comment, je n'en sais rien. J'y suis, j'y reste: dommage.
Et puis au centre, il y a les autres, les "comme moi", si différents. Beaucoup sont en groupes. Moi je ne peux pas. J'aimerais bien mais je ne peux pas. Avec le temps ils se sont transformés en clichés. ils dorment, boivent et grognent. Ils sont comme çà parce que l'on n'attend rien d'autre d'eux, on les regarde comme çà. Bon, en vrai on ne nous regarde pas, on nous évite du regard.
Aujourd'hui, c'est pareil. Tout le monde passe, ne me jette pas de coup d'oeil, regarde droit devant lui. Je suis trop bas, sur le trottoir. Les cons ne veulent voir que l'horizon et les gens debout. Les "vrais gens", qui me croient animal et qui se croient vrais. Ceux qui boivent des grands cafés trop chauds, ceux qui me parlaient, lorsque j'étais des leurs. Ca y est, il est 11h01.
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