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Catégorie : nouvelles

Pelote de nerfs...
VIP-Blog de pelote-de-nerfs
emily.crumble@voila.fr

  • 3 articles publiés dans cette catégorie
  • 37 commentaires postés
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 25/06/2006 15:18
    Modifié : 14/10/2008 22:18

    Fille (103 ans)
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    11h devant la pharmacie.

    12/02/2007 01:28



    35 centimes dans le gobelet Mcdo. De quoi aller loin...

    Il est enfin 11h mais cet enfoiré de soleil ne chauffe pas. Il est enfin 11h. Je suis comme un con, recroquevillé dans un coin poisseux, et je me demande, comme un con, quand finira la seconde qui n'a pas encore commencé.
    Je suis en face de la pharmacie, en hiver c'est moins con. Le problème c'est l'horloge au dessus de la porte. L'horloge et ses 3 aiguilles. Depuis trop longtemps j'ai les yeux qui suivent mécaniquement la plus petite. J'en ai mal à la tête.
    Du coup je regarde la porte qui sonne à chaque fois qu'un nouveau malade entre. Ils doivent pas tous être malades. Y en a qui trichent.

    Dling, 38 centimes. La généreuse silhouette marche vite sans me regarder. Elle ne veut pas de merci. Tant mieux elle mérite pas. De toute façon je parle plus, je marmonne, gromelle, grogne. J'ai trop froid et soif pour articuler. Et qui voudrait de mes mots?
    38 centimes: dans quelques heures je pourrai aller tirer de la machine un café trop petit et trop peu chaud. C'est toujours mieux que d'aller au centre. Centre à la con. Ils me foutent les nerfs tous, avec leurs couvertures. Le pire c'est les filles qui me demandent comment j'en suis arrivé là.
    Elles ne voient pas que je suis arrivé nulle part, arrivé à rien? Ou elles le voient mais elles pensent que je me suis arrété là. Que c'est possible de s'arréter là. Je suis pas arrivé là, je suis là. Je ne sais pas pourquoi, comment, je n'en sais rien. J'y suis, j'y reste: dommage.

    Et puis au centre, il y a les autres, les "comme moi", si différents. Beaucoup sont en groupes. Moi je ne peux pas. J'aimerais bien mais je ne peux pas. Avec le temps ils se sont transformés en clichés. ils dorment, boivent et grognent. Ils sont comme çà parce que l'on n'attend rien d'autre d'eux, on les regarde comme çà.
    Bon, en vrai on ne nous regarde pas, on nous évite du regard.

    Aujourd'hui, c'est pareil. Tout le monde passe, ne me jette pas de coup d'oeil, regarde droit devant lui. Je suis trop bas, sur le trottoir. Les cons ne veulent voir que l'horizon et les gens debout.
    Les "vrais gens", qui me croient animal et qui se croient vrais. Ceux qui boivent des grands cafés trop chauds, ceux qui me parlaient, lorsque j'étais des leurs.
    Ca y est, il est 11h01.





     

     

    jeune fille en dentelle

    16/07/2006 09:23



    "tu viens déjeuner?

     

    Oui,j'arrive".

    Tous les midis Alain me pose cette question, et tous les midis je réponds "oui, j'arrive". Ce serait drôle, un jour, de lui faire une blague et de répondre non, mais je ne le ferai pas: je ne suis pas drôle.

     

    Tous les midis, on s'asseoit à côté de la fenêtre. On a d'abord fait le tour des buffets avec nos plateaux beiges, faisant semblant d'hésiter pour prendre presque la même chose que la veille. Sans sauce, à  cause du cholestérol d'Alain. C'est Alain qui a du cholestérol et moi, je ne prends pas de sauce, je ne suis pas égoïste.

     

    Donc, on s'asseoit, aujourd'hui, près de la fenêtre. Alain me dit qu'il fait beau, j'acquiesce. C'est idiot d'acquiescer pour quelque chose d'impossible à contredire, mais j'acquiesce. Je ne suis pas intelligent.

     

    Bref, je suis un humble travailleur à lunettes, ennuyeux, gentil et con, très con. Je suis d'ailleurs en train d'épeler pour la 6ème fois le mot con dans ma tête quand une jeune fille en dentelle s'asseoit face à moi, derrière Alain. C'était une fille en dentelle pour deux raisons Elle portait un chemisier de dentelle blanche, et elle ressemblait à de la dentelle: fine, presque fragile, pure, lumineuse. Je la regarde un instant puis regarde ma paupiette de veau sans sauce. Alain me parle: "_J'ai pas fait mes CRA, ma DIR me fait chier, c'est  un truc à dire à la CFTC , c'est presque' une entorse à l'article B732". J'acquiesce encore. Je suis doué pour çà, je n'aie qu'à avaler avec un air passionné et grogner un oui, la bouche pleine. Mon regard croise celui de la jeune fille en dentelle... Je suis gêné et je regarde mon assiette pour m'appliquer à couper la viande en morceaux égaux. Je suis consciencieux. Il y a un cheveu dans mon assiette: un long cheveu noir, comme ceux de la jeune fille. Je le fixe pour ne pas lever la tête. Je pense à ma calvitie et à la crème anti-chute que ma femme m'a donnée. Au bout d'un instant, çà ne m'intéresse plus et je lève la tête.

     

    Elle mange une prune: des dents blanches dans la peau ferme. Elle semble savourer longtemps avant d'avaler..."_Tu vois; c'est la DRH qui fait..." Du jus coule sur son menton, pour se loger dans une fossette..."Alors je ferai pas mes CRA..." Elle l'essuie avec un air embarrassé..."j'ai un CAP quand même..." Elle voit mon regard..."Toi t'es en CP quand?" Elle m'ignore et croque encore dans la prune: "croque", un des seuls mots qui sonne comme sa signification....

     

    "_T'as un problème?" Je regarde Alain

     

    "_Non non, je pensais à mes CRA

     

    _Ben oui t'es comme tout le monde, maintenant même le CDI c'est..." J'ai tout raté, déjà , elle suce le noyau. Je suis un peu frustré. Je sais que dans quelques minutes, Alain et moi nous irons poser nos plateaux, puis nous enfermer dans un bureau plein d'abréviations...Heureusement, il y a une deuxième prune...Je n'aurais jamais cru qu'un fruit pouvait rendre heureux. A vrai dire, d'ordinaire, je ne suis pas heureux, je travaille dans un bureau...

     

    "_On y va?

     

    _Non" Alain me regarde d'un air idiot.

     

    "_On n'y va pas?

     

    _Non, vas-y, je vais me chercher un Paris-Brest"

     

    Il a vraiment l'air con Alain. J'ai bien choisi, le Paris-Brest, il a pas le droit. Il s'en va poser son plateau avec un "à tout à l'heure" bougon. Il est comme moi Alain, je suis bougon.

     

    Elle finit sa prune et suce encore le noyau. Je regarde sans scrupule et quand je le réalise je me sens sale et bête... Heureusement, elle ne m'a pas vu. Un vieux chauve con et gris qui fixe, çà effraie les jeunes filles en dentelle. Elle se lève et prend son plateau, je m'empresse de faire de même. Je me surprends à réver d'une confrontation, d'un choc frontal, de bris de verres, mais je n'aie pas le physique pour. Ces choses là arrivent aux gens pré-déstinés au romantisme hollywoodien. Elle pose son plateau et s'en va.

     

    Plus de jeune fille en dentelle. Mais au moins, je sais pourquoi j'irai au boulot demain... Je serai un HTEGCCCMB ( Humble travailleur Gentil Con Consciencieux Chauve Malheureux qui aura un But dans la vie. Alain adorerait. Un homme réduit en abréviations, qui vivra un peu quand même, tous les midis, à côté de la fenêtre.

     

     







     

     

    je te quitte

    03/07/2006 13:48



    "je te quitte".

     Il me lâche çà comme çà, au milieu de rien. Un air tragiquement désolé, un mouvement de lèvre qui ressemble à un sourire raté, les yeux grands ouverts, guettant ma réaction. Elle se fait attendre, cette garce de réaction. Elle est perdue au milieu de mes nerfs, entre mon cerveau, ma bouche et ma main droite serrée sur un verre d'ice tea. Ne pas lui lancer à la figure: trop théâtral... Il attend, moi aussi. Mais rien. Alors je me lève doucement et je lui souris. Il prend un air faussement choqué et çà m'amuse un peu, un amusement ahuri.

    J'ai pressé le pas jusqu'à ma voiture. Je l'ai laissé là-bas comme çà, cet abruti. J'ai l'impression de faire un cauchemar où je serai actrice de sitcom : "je te quitte". Il croit que çà peut se faire en 3 mots, il croit que tout se fait en 3 mots: "je t'aime" et je suis à lui,  "je te veux" et je suis dans son lit, "je te quitte" et je disparais.

    Je ne veux pas disparaître! Il n'a qu'à disparaitre,lui, cet abruti. Je démarre. Je ne pleurerai pas de toute façon. La réaction est toujours en balade quelque part en moi. SI j'avais pleuré, il aurait trouvé 3 mots pour me calmer : "je suis désolé" et youpla! ABracadabra! Shazam! Tralala! j'aurais arrété. Abruti.

    Je fixe la route et j'essaie de trouver ma réaction.Non, elle ne viendra pas. Elle me laisse tomber, elle aussi. Je vois accroché au rétroviseur un truc qui se balance et qui m'agace prodigieusement: un petit koala en peluche, ridicule, niais. Un cadeau de l'abruti. Ce koala me nargue avec son air trop gentil, trop doux, trop con. C'est Lui qui me regarde à travers les billes noires de la peluche. Abruti. Son amour mort s'est réincarné en peluche de fête foraine. Abruti. Je prends furieusement le koala et je tire dessus avec acharnement, il tient bon. Je l'avais attaché avec un quadruple noeud, un noeud valant ceux des marins. Alors je fouille dans la boîte à gants et j'en sors, triomphante, un couteau suisse. Ma main droite est apparemment bien décidée à réagir, elle.

    Mes yeux ne quittent pas la route, je coupe le cordon du koala à l'aveugle et je le balance par la fenêtre. Paf! Sa réincarnation amoureuse est perdue sur l'autoroute. J'attends le soulagement post-vengeance... Mais rien. Bordel! Je l'aimais ce koala, je l'aimais cet abruti, alors qu'est ce qu'ils attendent tous les sentiments? Ma réaction et mon soulagement sont perdus en moi, ils prennent le temps ensemble et me laissent indifférente, seule. Du coup je balance aussi le couteau suisse par la fenêtre . Ce couteau gravé "S+F", Paf! Mon geste me fait sourire, je ne peux pas le faire payer alors je multiplierai les gestes gratuits. Je laisse la fenêtre ouverte et je respire l'air de l'autoroute. Je ne vais pas mal, mais je ne vais pas mieux. Je suis vide.

    Tellement vide. Abruti qui a fait le vide en moi. Moi aussi, je veux le faire. Je ne suis pas douée pour les formules de politesse, les formules de colère, les formules magiques en 3 mots. Je perdrai contre Lui au pyramide. Mais,sans les mots, j'ai un allié, mieux qu'un bras droit, j'ai ma main droite. Elle fera le vide. Cette voiture est pleine de lui, d'objets ridicules, de CD, et même de son odeur. Elle est polluée. Alors j'attrape tout: le CD de Led Zeppelin, celui d'ACDC, de Police, d'Aqme.Paf. Ils volent tous par la fenêtre, j'accélère. C'est joli ce tourbillon de boîtes qui s'explosent sur le macadam. Je ris nerveusement, la scène est digne d'un film d'horreur: ma main ne m'appartient plus et se contente de s'aggripper aux objets pour les lancer sur l'A36. Etui à lunettes, chaussures de course, le bandeau qui retenait ses cheveux autrefois longs, sa gourmette en argent, des photos... tout y passe. Ma boîte à gants se vide, les vide-poches se vident, je n'avas pas grand chose à moi dans ma voiture et dans ma vie.

    Lorsque je quitte l'autoroute, je laisse derrière moi toute la pollution sentimentale. Je me gare devant chez moi, la porte n'a même pas le temps de grincer. J'ouvre la porte-fenêtre qui donne sur le balcon. Je veux continuer, ici aussi, à tout jeter, à le jeter lui , hors de moi. C'est moi qui le quitte, c'est moi qui le fais disparaitre. Je lance quelques lettres, quelques post-its précieusement gardés, quelques cadeaux... Mais le coeur n'y est plus. Enfin. Mon coeur n'y est plus, comme le sien qui n'est plus dans le même étât qu'avant.  Qu'est ce qu'il en a fait? Je m'avachis dans le canapé et je fixe le plafond. "Je te quitte" Pourquoi? Comment? Abruti, dis-moi des phrases de plus de 3 mots, dis-moi que je ne resterai pas toujours dans cet état, dans ce canapé, à fixer le plafond... Mais pourquoi est ce que je  tenais autant à lui? Pour finir femme mariée, trompée, au foyer, mal-aimée,éplorée,fatiguée, engrossée, frustrée, frappée, précocement ridée...? En fin de compte je ne vais pas mieux mais je ne vais pas mal.

    Il est 19h, je m'étais endormie. J'allume la télé sur la 3 pour les informations.

                          "L'A36 bloquée. Un carambolage a eu lieu cet après-midi sur l'A36, faisant quelques blessés et beaucoup de dégâts matériels. Il semblerait qu'un homme ait laissé tomber de sa voiture plusieurs effets personnels sur l'autoroute, ce qui a engendré des accidents en chaîne. Le nom du coupable figurant sur les objets, il a été interpellé en fin d'après-midi..."

    En fin de compte, j'ai plutôt bien réagi.







     

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