|
[ articles récents ] [ à écouter pendant les lectures ] [ archives ] [ nouvelles ] [ Liens conseillés ]
|
|
|
|
angoisse de la page rose
12/07/2006 10:10
J’ai un syndrôme de la page blanche, depuis hier. Plus rien. Le stylo suspendu, en lévitation, en grève. Ultime auto-trahison. Je n’aurais rien à dire ? Ultime absurdité : je suis en train d’écrire pour ne rien écrire. Soudain, je revois Rémi Tercier, dans le métro, qui me lance : « tu n’as rien pour toi », je ne sais pas pourquoi je m’inflige ce flash back qui me met mal à l’aise. Rémi Tercier, gros con qui ne me trouvait pas assez bien pour lui, qui voulait une fille en forme de médaille, avec une belle face et un beau revers. Je n’étais hélas pas une médaille lisse et dorée, pas du tout. Et soit dit en passant, Rémi Tercier, je l’emmerde. Lui et tous les autres de son genre : les petits garçons tristes, devenus des ados rebelles en quête d’une consécration : être dépucelé par une fille parfaite. Eux et toutes les filles parfaites.
Oui, je n’ai pas eu la chance de naître dans une rose bonbon. Non, je ne suis pas à croquer. Oui, j’ai un léger surpoids à corriger. Non, je n’aime pas faire les magasins. Oui, je me sens bête. Non, je ne ressemble pas à Lara Croft. Le test est formel. Résultat : Votre côte sera très basse cet été, rentrez chez vous, mangez du chocolat, achetez des chats et une couverture en laine. C’est fini Emily. Tu pourras t’imaginer autant de fois que tu le veux qu’un jour, tu te vengeras en devenant une bête de scène, ou une écrivain, ou juste jolie, çà ne servira à rien. Tu ne seras jamais une-fille-qui-a-la-côte-cet-été. C’est triste. Accusez moi de faire du Bridget Jones mais c’est triste. Je n’ai rien pour moi. Je ne suis pas douce, lisse, lumineuse, sensuelle. Je ne me reconnais pas dans les pubs Shwarsckof ou dans Elle. Je ne suis pas féminine. Mon deuxième chromosome X ne doit être qu’un Y complexé parti au Brésil pour changer, ce n’est pas possible autrement.
Je devrais avoir quelque chose pour moi, n’importe quoi, un œil qui frise, une jolie taille, une poitrine avantageuse…Quelque chose qui ferait de moi une fille imparfaite, mais au moins une fille…
Finalement, j’ai trouvé ce qui fait de moi une Emily si féminine : je doute, je pars dans de longues diatribes pour me plaindre de moi, de mon corps, de mon sort, de ma frustration. Et tout çà à cause d’une remarque ridicule et méchante de Rémi Tercier (qui, toujours en passant, a toujours été ridicule et finira trimballé de droite à gauche par sa bimbo tachetée, pur race, belles dents, rarement visibles par manque de sourire) Je suis une fille qui doute à cause d’un abruti. Alléluia. Chromosome X en puissance. A part çà, je n’ai pas un comportement très féminin. Donc, à part çà, je suis parfaite.
Oui je sais, c’est trop facile de jouer la carte du sarcasme pour combler une page blanche…
| |
|
|
|
|
|
|
|
trop petite
05/07/2006 09:48
Maman a fermé la porte des toilettes… J’ai bouché mes oreilles et j’entends mon cœur. Il bat vite et fort, çà me fait peur. Je suis sûre que les voisins vont tout entendre, ils vont venir pour la protéger. Si je pouvais, je monterai sur la cuvette pour passer par la fenêtre, mais je suis trop petite et pétrifiée. Je suis sûre que çà va s’arrêter… Elle va venir me chercher et me prendre dans ses bras. Pour l’instant elle pleure et elle crie. J’entends mon cœur qui cogne dans mes oreilles. J’entends mon faux père qui cogne dans la cuisine… Maman, je voudrais être grande, je veux passer par la fenêtre et aller chercher quelqu’un. Personne ne vient. Alors je voudrais être forte, mais je ne fais que pleurer sans faire trop de bruit. Je mettrai tout çà dans le coin sombre de ma mémoire, je grandirai et j’oublierai, ou on dirait que j’ai oublié, c’est pareil. Presque.
Maman a fermé la porte, la porte me protège mais elle elle n’en a pas de porte. Quand je serai grande, je la défendrai. Je serai un grand mur autour d’elle, sans porte. Plus personne ne lui fera de mal, elle ne pleurera plus et je n’aurai plus besoin de me boucher les oreilles. Il ne va pas s’arrêter… C’est long. Je veux ma maman. Je veux me mettre dans mon tout petit lit et serrer Tiny contre moi. Je veux qu’il arrête, je veux le punir. Mais je ne peux pas. Je promets d’être gentille, je promets d’être sage, je serai une grande fille. Je prendrai soin de Maman. Je la remercierai toute ma vie d’avoir fermé la porte. Promis.
Je suis grande, j’ai oublié. Il me reste quelques flash d’une porte qui se ferme, il y a la poster d’un singe dessus. C’est tout. L’autre nuit j’ai fait un cauchemar : une voix d’homme qui criait des insultes. Cet homme est loin, nous sommes parties depuis longtemps. Mais j’ai oublié d’être gentille. Je suis une adolescente, je suis en crise et j’envoie chier le monde, j’envoie chier le monde qu’elle m’a offert. Elle ne me prend plus dans ses bras, je mords trop souvent, avec ma rage, ma bave de crapaud, ma langue de vipère. Elle est blessée, je la fais pleurer, je lui fais mal. Je crise. Je suis perdue dans mes vêtements trop larges et dans ma vie. Le soir, je pleure pour rien, j’ai oublié que j’avais eu de vraies raison de pleurer avant. Tout est tombé dans les toilettes de ma mémoire. PLOUF. Je pleure, allongée dans mon grand lit en hauteur, entourée de photos, de cahiers, de musique rock-trash-rebelle qui dénigre les femmes. Je vois une peluche qui traîne sur mon armoire : Tiny. Il attend. J’ai oublié, mais plus pour longtemps.
| |
|
|
|
|
|
|
|
Ma méthaphysique
04/07/2006 09:56
Bien sûr que je suis heureuse ! C’est juste que j’aie peur… toujours. Ne croyant pas en une «présence», en une puissance supérieure, j’ai de quoi m’inquiéter pour mon avenir post-mortem. C’est une angoisse cuisante, omniprésente, révoltante. Et si il n’y avait rien après la mort ? Je tomberai dans le néant, d’un coup d’un seul, et tout sera fini ? La vue, l’ouie, l’odorat, le goût, le toucher, la conscience ? Disparus ? Moi… Disparue ? C’est insoutenable à en crier, à en devenir folle. Mon amour de la vie est ma première cause de tristesse. Cette peur est tellement absurde, la vie est tellement absurde. Ah bien sûr, ce serait plus simple d’avoir peur des araignées… Un coup de chaussure et j’écraserai ma phobie ! Mais il me faudrait une sacrée pointure pour écraser la mort.
Alors, évidemment, je pourrai écouter des chansons m’ordonnant de profiter, suivre des conseils-clichés que chacun prend à son compte et en est fier. Mais non. Si je profite, c’est naturel, c’est physique… Je respire en y pensant, je mange en savourant, je maudis mon besoin de sommeil… Je voudrais voler d’un endroit à l’autre, ralentir les heures, même les plus pénibles. Je suis née grande-prématurée, et c’était sûrement pour gagner du temps. Alors je continuerai, avec excès. Je vivrai excessivement, respirerai trop, boirai trop, rêverai trop (mais éveillée), aimerai trop, écrirai trop, vivrai trop, parlerai trop , écouterai trop, pleurerai trop, serai insupportable. J’exploserai des records d’excès, à en user tous mes organes. Et je résisterai, vivrai à n’en plus finir. Non, je ne mourrai pas de si tôt. Je prendrai mon temps, puisqu’il est à moi, j’apprendrai à le palper et à me l’approprier. Finie l’angoisse. Mes crises d’angoisse ne sont finalement que des crises de bonheur. Bonheur d’avoir été poussière et de ne pas l’être restée, quitte à le redevenir après. Bonheur d’avoir mon propre secret de la vie : je ne suis ici pour rien, pour rien d’autre que pour faire de mon mieux. Je veux croire que je vais toujours vers le mieux, et je ne me retourne que pour ne pas oublier. Je sortirai de là épuisée d’avoir trop respiré, usée jusqu’à la moelle et débordante de souvenirs. Je veux saisir le temps et l’avaler à petites gorgées… Bien sûr que je suis heureuse !
| |
|
|
|
|
|
|
|
Adrien: sortie théâtrale
30/06/2006 10:56
Il est courant d'avoir un "coup de foudre" ou un coup de n'importe quoi d'autre quand on rencontre quelqu'un... On est d'ailleurs souvent déçu par la suite, parce que l'autre est loin, bien loin, de ce qu'on s'était imaginé des heures durant. Finalement, on s'est pris un coup pour rien.
Adrien est, à mes yeux, le symbole du « coup pour rien ». En résumé : coup de foudre, cou massé, coup de la meilleure amie, sale coup, coup du lapin, coup de blues… Je l’ai rencontré en atelier théâtre. J’étais en seconde, donc pleine de complexes, de rêves, de romans-photos, de timidité, de maladresses. Alors en un clin d’œil paf !, il est devenu le super-héros talentueux, intelligent, drôle et intéressant qu’il me fallait pour mettre un visage sur les comédies romantiques que fabriquaient mon cinéma cérébral. La mauvaise chose, c’est que j’avais relativement bien choisi : c’était un garçon très bien. Ce qui ne devait durer qu’un mois s’est donc prolongé pendant plus d’un an. Les hormones et le sentimentalisme aidant, je me suis transformée en petite adolescente ridiculement coquette qui attendait, le sourire (béat) aux lèvres, le théâtre du samedi. Là-bas, je riais trop, parlais trop, faisais semblant de m’intéresser à tout, surtout à lui, ou sauf à lui selon le plan machiavéliquement mielleux du jour. Finalement, j’ai pris quelques centimètres et de la jugeote, et j’ai abandonné. C’est là que j’ai eu droit aux cous massés et autres rapprochements physiques capables de provoquer un « ouragan Adrien » in vitro. Puis, de fil en aiguille, nous sommes devenus de ces faux amis fille-garçon (avouons-le, ma spécialité). Je subissais les déclarations d’amour destinées à d’autres, guettais les « signes infaillibles d’après Juliette, qui a réussi à avoir Eric, si-si ». Enfin, j’étais ridicule et rampante. Alors j’ai tout lâché et je me suis appliquée à être une amie digne de ce nom. Adorant son amitié, je m’étais résignée à n’être qu’ « Emilien » pour lui. Jusqu’à la 2ème année de théâtre. Les rapprochements corporels et le nombre de confidences allaient crescendo, engendrant cette fois une apocalypse in vitro, une certaine hystérie et des insomnies ravies. L’apothéose arriva le soir d’halloween : sa tête sur mes genoux, un mini-Adrien jouant de la batterie sous ma peau… J’ai vu ma vie de célibataire défiler devant mes yeux… Jeux de mains, jeux de câlins et j’en passe… Mais rien de plus. Il est rentré chez lui. De mon côté, je dormais à moitié, écoutant la batterie de mes veines, un album de son groupe préféré et la petite voix qui hurlait « çà y esssst ! ! ! çà y esssst ! ! ! ». Un des moments les plus jouissifs de ma vie (pour l’époque..)
11 novembre. Je raccroche et j’explose. « Allo Emily, c’est Adrien. Je voulais que tu sois la première à le savoir…[battements de cœur, tics de la lèvre supérieure, attente de la prochaine phrase et olala il me fait confiance]… Je sors avec quelqu’un, elle est géniale elle… [ brouhaha de mots, réponses évasives, très bon travail des barrières d’urgence anti-larmes]. » Je raccroche et j’explose. Je n’avais jamais ressenti une telle douleur corporelle jusque là. J’hurlais, je sanglotais, je m’étouffais. Je crois qu’on ne se rend compte de la force avec laquelle on aime que lorsqu’on en souffre. Je savais que c’était fini, pour de bon, que je n’étais montée si haut sur le télésiège de l’espoir que pour être mieux poussée dans le vide.
Il a arrêté le théâtre, il a arrêté de me parler. Récemment il a même arrêté de me (re)connaître. Ce n’étais sûrement même pas un vrai ami, il était faussement sensible et attentionné. Je croyais tellement en lui, en ses qualités, en sa fidélité amicale, en son autodérision J’avoue que je suis en partie responsable des coups que je me suis pris. Mais Adrien aurait dû faire attention avant de me marcher furieusement dessus. Je devais être gluante de sentiments, trop lisse à force de me modeler pour lui. C’est vrai, je devais être insupportable par moment… Mais il pouvait prendre ses distances avant de jouer l’ami tendre. Ca sautait tellement aux yeux que j’étais remplie de lui jusqu’aux cheveux qu’il ne pouvait pas l’ignorer, ne pouvait pas agir innocemment. J’ai mis très longtemps à remonter mon mécanisme pour re-partir, très longtemps à casser la batterie que j’avais en intraveineuse, très longtemps à ne plus avoir envie de le croiser, même pour le défigurer. Il aurait pu me dire « je préfère qu’on reste amis » avec un air désolé, mais il s’est contenté de me laisser seule, assise sur des rails, la cigarette aux lèvres et les yeux pluvieux . J’attendais qu’il se souvienne que j’existe, que je suis un vrai être humain, rempli d’eau salée et d’envies de crier. L’année dernière, j’ai travaillé 3 semaines dans le même centre aéré que lui. J’ai constaté que je n’avais même pas droit à quelques paroles de politesse, à des phrases banales ou même aux regards gênés que se lancent les anciens complices, nouveaux inconnus. Rien. A le revoir, son amitié me manquait. Je pensais que l’occasion était parfaite pour redevenir Emilien. Mais non, même pas le droit à çà. Je n’existais plus. Alors j’ai joué à son jeu, en me trouvant minable de ne pas savoir, moi aussi, faire mal aux gens, faire semblant.
C’était un mec bien, trop bien… au début. Il pensait sûrement qu’on ne peut pas juste se contenter d’Emily comme premier amour, ou comme « juste amie », je devais être trop « juste ». J’avais un besoin absurde de lui comme certains ont besoin de leur dose de télé-réalité, lui m’a bien montré qu’on se passait facilement de moi. Adrien, ou comment détruire toute confiance en soi chez une « amie », comment la détruire. Adrien, ou un coup bas.
| |
|
|
|
|
|
|
|
S'ils savaient...
26/06/2006 10:11
S'ils savaient... A force de toujours faire semblant d'aller bien, à force de toujours faire comme si j'étais diablement bien, sûre de moi, pas du tout complexée-ah-non-pas-du-tout-je-me-trouve-pas-trop-grosse...Bref, à force de faire comme si, je n'aie jamais vraiment expliqué aux personnes que j'aie croisé ce qu'ils m'avaient apporté ou enlevé. Je ne voulais même pas prendre le temps d'y repenser: je me dépéchais d'oublier et de foncer "vers d'autres aventuuures"...
Finalement j'ai tout gardé: les sentiments d'échec, les déceptions, les montées de larmes et les baisses de moral... Et en y repensant, ce serait mieux de se pencher là-dessus, du moment que je ne tombe pas en avant dans la plainte et l'apitoiement... Si ils savaient... Et si je savais moi-même...
| |
|
|
|
|
|
|
|
Pelote de nerfs?
26/06/2006 01:28
Marchant sur un fil, dénudée
Equilibre difficile, à faire durer
M'accrochant au fil, de mes idées
Qu'un battement de cil, peut faire lâcher
Une histoire de fils...
Pourquoi déméler
Le ventre noué?
Une fille qui oscille
Sans jamais tomber
Que sur d'autres fils
Tout est bien ficelé
Marchant sur un fil, dénudée
Elle a de quoi retordre
Les cous du passé
Mais si elle garde le fil, de ses idées
Elle mettra de l'ordre
Sans trop repasser
Entre les coups de fils
Trop vite raccrochés
D'une main habile
Trop peu rassurée
A la fin, elle a tout mélangé...
3 coups de ciseaux
Et quelques aiguilles
Ne peuvent pas aider
Cette petite fille
Et...
De fils de fer
En fils perdus
Ou fils amants
Ceux qu'elle perd
Ne reviennent plus
De là-dedans...
Ce méli-mélo, fragile
Tout s'y perd
Tout y défile
Tout est à défaire
Emmélés, décrochés, coupés, décoiffés, fragmentés,
Si je retrouve le fil,
Elle pourra arranger
Cette pelote de nerfs...
| |
|
|
|
|